L’équité sociale

Dans les sociétés occidentales, le développement économique se fait parfois au moyen d’une mise en concurrence des travailleurs, l’affaiblissement des Etats et la fragilisation des systèmes de protection sociale. La référence essentielle au PIB (Produit intérieur brut) comme indicateur de développement est un symptôme de l’accroissement de la production et de la consommation de biens et services. On accorde en revanche moins d’importance aux questions de répartition. A cet égard, le coefficient de Gini présente un certain intérêt : il mesure le degré d’inégalité de la distribution des revenus dans une société. C’est un nombre qui varie de 0 à 1 : 0 signifie l’égalité parfaite et 1 signifie l’inégalité totale. Les pays les plus égalitaires (Danemark, Japon ou République tchèque) ont un coefficient de l’ordre de 0,2. Les pays les plus inégalitaires au monde comme le Brésil ou le Guatemala ont un coefficient de 0,6. En France, le coefficient de Gini est de 0,29. Celui de la Chine avoisine désormais 0,5. La limite de 0,4 est généralement considérée comme une cote d’alerte sur le plan international.

A ces difficultés sociales s’ajoutent les limites physiques de la planète. L’humanité doit se partager, dans la durée, un gâteau de taille finie, singulièrement mal réparti jusqu’à présent. Les pays émergents (Chine, Brésil, Inde) tendent à adopter les modèles de développement des pays occidentaux mais il est difficile d’imaginer un alignement sur le mode de vie américain ou même français, sans conduire la planète à sa perte. Pour autant, de quel droit les sociétés occidentales donneraient-elles des leçons ? Les Etats du Nord ont une dette écologique à assumer vis-à-vis des pays en développement, en particulier des plus pauvres, c’est-à-dire en langage diplomatique, « des responsabilités communes mais différenciées ». Le patrimoine naturel doit faire l’objet d’une gestion collective, concertée et durable.

En théorie, un mode de vie soutenable devrait pouvoir être généralisé, à l’échelle de la planète et au travers des générations. Pilier du développement durable, l’équité sociale vise la satisfaction des besoins essentiels et l’amélioration de la qualité de vie de tous les groupes sociaux et des communautés, notamment des plus vulnérables, grâce à un accès pour tous aux biens et services essentiels. Il ne s’agit pas seulement de pouvoir d’achat, c’est aussi une question d’espérance de vie, d’accès à un travail décent, à une éducation, à des services de santé et à un environnement de qualité.

L’équité sociale nécessite une politique de redistribution, à travers la fiscalité, afin de réduire les inégalités. Dans sa Théorie de la Justice, John Rawls plaide pour un principe d’équité qui restaurerait l’égalité des chances. Si des inégalités deviennent des injustices, alors elles doivent être corrigées. Au niveau international, dans une récente Déclaration, l’OIT plaide en faveur de la justice sociale pour une mondialisation équitable, au travers de quatre objectifs : travail décent, protection sociale pour tous, dialogue social et normes internationales du travail.

Le respect de l’écologie et de l’équité sociale ne sont pas toujours conciliables : la taxe carbone menace de pénaliser les logements vétustes ; en démocratisant l’avion, des compagnies à bas coût encouragent son usage massif.

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