
CAUSES DE LA DÉFORESTATION
Pour certains gouvernements, les forêts sont des territoires à coloniser afin de réduire la pression démographique de certaines régions ou bien pour éviter les révoltes sociales. Ainsi, en Indonésie, le gouvernement de Suharto a encouragé une politique de transmigration des îles très peuplées de l’archipel vers les forêts de Kalimantan notamment. Les résultats sont mitigés : les nouveaux venus, agriculteurs pour la plupart d’entre eux, découvrent un système agraire qui leur est inconnu. Cette politique de transmigration a souvent eu un effet contraire à celui recherché : les colons repartent vers leur île d’origine après avoir contribué à la dégradation de la forêt.
La forêt amazonienne est un des fronts pionniers du Brésil, en fait de nouveaux territoires vers lesquels les paysans pauvres sont encouragés à migrer. Poussés par la sécheresse du Nordeste, et en raison surtout de l’absence d’une réforme agraire ambitieuse, ces migrants défrichent la forêt pour y pratiquer une agriculture de subsistance. Si les effets d’un certain type de production sont dommages pour le couvert forestier, bien plus graves sont les conséquences de l’élevage extensif et de la culture de produits de rente. Dans les années 1960 et 1970, le pouvoir militaire encourage investisseurs et sociétés étrangères à couper de vastes superficies de forêt pour y pratiquer l’élevage et la culture de produits commerciaux, tels que le soja et la canne à sucre. Ces productions sont principalement exportées vers l’Amérique du nord et l’Europe. C’est la demande en viande et en soja, aliment pour le bétail, qui est la principale cause de déboisement au Brésil et en Amérique centrale.
La demande croissante en papier des pays du nord a orienté une politique de plantation d’eucalyptus sur de vastes superficies, cela au détriment des forêts primaires et secondaires. Le Brésil et la Malaisie s’intéressent aussi au marché des agrocarburants ; les plantations de canne à sucre et de palmiers à huile permettant de fournir des produits énergétiques de substitution.
En résumé, le déboisement est causé à 90 % par les pratiques agricoles non durables (source FAO).
Les forêts tropicales regorgent de nombreuses ressources dont l’exploitation inconsidérée a commencé lorsque militaires et dictateurs étaient au pouvoir, que ce soit en Asie (Philippines, Indonésie) ou bien en Amérique latine (Brésil). L’exploitation minière, ainsi que celle du pétrole et du gaz, est confiée à de grandes entreprises nationales ou étrangères, qui ne respectent pas l’environnement ni, surtout, les droits des populations autochtones. L’histoire des dernières décennies est émaillée de nombreux conflits qui ont opposé opérateurs miniers et pétroliers aux populations locales.
L’exploitation, même sélective, des bois durs et la monoculture de certaines essences d’arbres, entraînent une perte de la diversité biologique : les écosystèmes riches sont remplacés par des espaces forestiers ou des plantations biologiquement pauvres. Aussi est-il urgent de préserver les forêts primaires restantes et de mieux gérer les forêts secondaires qui peuvent offrir nombre de productions. Chico Mendès, leader seringueiro de l’Etat de l’Acre au Brésil, a été l’un des premiers à mettre en pratique l’idée de gestion durable des ressources forestières. La création de réserves extractivistes, où l’on exploite le latex naturel ou la noix du Brésil, en est une bonne illustration. La préservation des forêts tropicales primaires par le respect des droits ancestraux des populations autochtones qui y vivent, dans le respect de leur environnement, depuis des siècles. Ces droits sont trop souvent bafoués au profit de projets miniers, agricoles et énergétiques (tels que les barrages hydro-électriques, dont les réservoirs occupent de vastes superficies de terres d’où sont chassées les populations autochtones).
LUTTE CONTRE LA DÉFORESTATION
Cette lutte peut prendre des formes diverses : il s’agit à la fois d’intervenir pour favoriser des réglementations plus contraignantes, de réagir face à l’exploitation illégale du bois, et de sensibiliser les consommateurs, les entreprises et les administrations sur leurs choix de consommation.
D’après la FAO, les superficies de forêt affectées à la conservation de la diversité biologique s’accroissent ; elles sont actuellement de 12 %. Pour l’essentiel, il s’agit d’aires protégées : parcs nationaux, espaces naturels, etc. En plus de la préservation de la biodiversité, sont protégés les sols et le patrimoine culturel.