Fondée sur l’exploitation des énergies fossiles et des ressources naturelles de la planète, la société de consommation en tire profit sans souci d’entretien, et par conséquent de durabilité. La biodiversité, la forêt, l’eau ou la terre peinent en effet à plaider leur propre cause et à faire valoir la valeur économique des services rendus… Face aux intérêts financiers et commerciaux en jeu, les systèmes de règlementations nationales et internationales sont au mieux insuffisantes, au pire impuissantes ou même contreproductives. L’accumulation du capital physique s’est ainsi réalisée au prix d’un épuisement et d’une dégradation du capital naturel. C’est en somme un modèle de court terme, qui porte en lui les germes de sa propre perte.
Elitiste, ce « modèle » de développement l’est assurément. Dans les pays occidentaux, les mécanismes de redistribution des richesses patinent. Des foules d’opprimés, de mal logés… réagissent face aux inégalités sociales. Largement encouragée par les pratiques libérales des années 80 et la suprématie des marchés, la prospérité de quelques-uns côtoie la plus extrême pauvreté. Avec les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), les Nations Unies s’engageaient pourtant à réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population mondiale qui vit en dessous du seuil de pauvreté. Cet objectif ne sera vraisemblablement pas atteint. Or, selon le PNUE, il existe un « lien indissociable entre l’éradication de la pauvreté et […] la sauvegarde des biens environnementaux communs », dont dépendent le plus souvent les populations vulnérables.
La faillite de l’ère consumériste et le défi environnemental nous somment d’agir au profit du développement durable. C’est toute la conversion écologique de l’économie qu’il s’agit d’imaginer, de planifier et de réaliser. Ce verdissement de l’économie est ainsi le moyen de réaliser le développement durable. Selon le PNUE, l’économie verte est « une économie qui entraîne une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale, tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie des ressources ». L’enjeu est donc de rendre nos économies soutenables, tout en assurant un niveau de vie décent à l’ensemble de la population mondiale.
Pour cela, un tour de force est nécessaire : le découplage. Il s’agit de dissocier la création de valeur économique (production de biens et services) de l’utilisation intensive d’énergie fossile et de ressources naturelles non renouvelables. Comment procéder ?
- Utiliser moins et mieux les ressources naturelles et les énergies fossiles. La recherche d’une meilleure efficacité énergétique concerne tous les secteurs d’activités : isolation des bâtiments, plans d’urbanisme facilitant la mobilité « douce » en ville, réduction des pesticides en agriculture, réduction des déchets et lutte contre le gaspillage, etc.
- Miser sur des énergies inépuisables, éolienne, solaire, biomasse, énergies de la mer… La recherche sur les énergies renouvelables en est encore à ses balbutiements ;
- Calmer la fièvre consumériste au Nord. Un rééquilibrage du niveau de vie des habitants de la planète est indispensable. Les pays industrialisés doivent fortement réduire leur empreinte écologique, en maintenant ou réduisant leur niveau de vie. C’est le seul moyen pour que les pays en développement accèdent à un niveau de services et de bien-être matériel tout en conservant une empreinte écologique faible.
Pour enclencher la dynamique, les gouvernements et les collectivités territoriales ont un rôle majeur à jouer : réorienter l’argent public et investir dans l’économie verte, la recherche et la formation. Ils doivent élaborer des règlementations et instaurer des taxations pour obliger les acteurs économiques à tenir compte des coûts environnementaux. Pour le PNUE, la « transition verte » exige d’investir 2% du PIB mondial dans 10 secteurs clés de l’économie (l’agriculture, le bâtiment, l’offre énergétique, la pêche, la foresterie, l’industrie, le tourisme, le transport, la gestion des déchets et de l’eau). Ce scénario de conversion s’avère toutefois bien moins coûteux qu’une stratégie d’inertie, qui nous forcerait, dans 50 ans, à prendre des mesures d’extrême urgence…