Selon les experts du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), une hausse de plus de 2° C de la température moyenne mondiale entraînerait une modification sensible des écosystèmes, ouvrant par là la voie à de forts flux migratoires.Or, les engagements actuels de réduction des gaz à effet de serre, pris par la communauté internationale, conduisent à un autre scénario : une augmentation moyenne de la température de 4° C d’ici 2100. De plus, les régions seront diversement touchées : le gouvernement africain pourrait connaître une augmentation de 8° C. Les victimes du changement climatique se compteront en millions, les réfugiés en centaines de millions, 20 à 30 % des espèces végétales et animales pourraient disparaitre. Les pays insulaires ainsi que les zones côtières seront particulièrement affectées. Ce sera le cas des pays qui disposent de longs rivages plats (Bangladesh par exemple) ou bien des zones de mangroves (Afrique de l’Est et de l’Ouest).
Le scénario d’un accroissement élevé de la température est plausible si les pays développés se contentent de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de moins de 20 % en 2020 par rapport à celles de 1990. Et aussi si les pays émergents (à la tête desquels la Chine et l’Inde) refusent toute mesure contraignante de réduction de leurs émissions. Les objectifs du protocole de Kyoto, signé en 1997 par 37 pays, doivent être largement revus. En effet, l’engagement de réduire 5,2 % des émissions par rapport à leur niveau de 1990, est largement insuffisant. Certains pays non signataires du protocole de Kyoto ont vu leurs émissions augmenter dans des proportions importantes, c’est le cas du Canada dont les émissions ont crû de 26 % entre 1990 et 2007.
Certaines régions en développement contribuent peu aux émissions de gaz à effet de serre. C’est le cas de l’Afrique subsaharienne, qui ne contribue que pour 4 % aux émissions mondiales. Les écarts entre les pays sont considérables. Chaque habitant du Qatar émet 56 tonnes équivalent CO2 alors qu’au Burundi ou en Somalie, il s’agit de 20 kg.
Les populations des pays du Sud sont les plus vulnérables aux effets du changement climatique, qui prennent plusieurs formes : sécheresses persistantes, inondations de grande ampleur, avancée de la désertification, élection du niveau des mers, réchauffement et acidification des océans, raréfaction des ressources en eau. Or, les moyens d’existence des populations rurales en particulier sont étroitement liés à l’exploitation des ressources de l’environnement. Une dégradation de ces ressources a des conséquences immédiates en termes d’alimentation, de santé ou bien encore de logement. La crise climatique compromet gravement les fragiles équilibres écologiques et humains dans de nombreuses régions du monde.
Le continent africain serait particulièrement touché par les changements climatiques. Or, l’agriculture est le secteur économique le plus important dans la plupart des pays africains non producteurs de pétrole : elle représente 20 à 30 % du PIB, environ la moitié des revenus d’exportation ; 70 % de sa population dépend de l’agriculture pour leur survie.
Les changements climatiques devraient conduire à une baisse sensible de la production agricole pour différentes raisons : réduction des ressources en eau, accroissement de la sensibilité des cultures aux attaques des ravageurs, érosion des sols, qui provoquerait une réduction de la fertilité et donc une baisse de la production animale et végétale. On peut s’attendre à un accroissement des famines et au développement de certaines maladies. L’irrégularité des pluies, leur inégale répartition géographique et les inondations seront des facteurs aggravants.
L’appauvrissement des populations et des pays pourrait provoquer une recrudescence des conflits en lien avec l’exploitation des ressources naturelles : eau, ressources halieutiques, forêts. La baisse des productions agricoles entraînerait une hausse significative des prix, notamment des produits alimentaires. La pénurie et les prix élevés sont source de troubles sociaux et d’instabilité politique. Cette situation serait aggravée par un accroissement démographique élevé sur le continent africain. Des efforts importants devront être réalisés, à brève échéance, pour augmenter la disponibilité en produits alimentaires.
Quelle que soit l’augmentation de la température (2, 4 ou 8° C dans certaines régions du monde), des programmes d’adaptation au changement climatique seront nécessaires. Ces programmes connaîtront leurs limites si l’accroissement de la température est très élevé. Cependant, l’adaptation des systèmes agraires, des modes de vie et des économies ne doit pas masquer la nécessaire nouvelle répartition des richesses et des moyens de production. Plusieurs orientations doivent être prises simultanément :
- des réformes structurelles : réformes agraires, accès au crédit et au marché au bénéfice des petits producteurs agricoles ;
- des choix politiques nets pour éviter le pillage des ressources (terres, matières pré, qui passe par une lutte contre la corruption ;
- l’annulation des dettes des pays les plus pauvres ;
- la construction d’économies régionales (bio-régionalisme) pour dynamiser les productions locales, créer des emplois et réduire les échanges de marchandises au niveau international ;
- des transferts de technologies propres et économes en énergie et qui répondent aux besoins des pays du Sud ;
- une nouvelle gouvernance mondiale.